La mort

Les textes ci-dessous reflètent mes notes prises lors de conférences données par Dahram Singh, gestionnaire de maisons funéraires à Freiburg in Breisgau, et yogi. Dharma est de religion sikh. Son point de vue est donc nourri par l'hindouïsme. Mais comme il le fait remarquer, en bon professionnel ayant de l'humour, les croyances religieuses, quelles qu'elles soient, on du mal à résister au test de la mort. Les trois conférences étaient intitulées le chemin vers la mort, la mort, et le deuil. J'ai donc simplement repris ce plan.

 

Le chemin vers la mort

La personne qui chemine vers la mort perd toute son énergie. Elle perd progressivement le contrôle de ses fonctions corporelles, et aussi de ses émotions. C’est un processus de lâcher prise. On n’a plus le choix, on ne peut que perdre le contrôle. Les organes lâchent les uns après les autres et le cœur est le dernier.

Les personnes qui ont du mal à lâcher le contrôle ont plus de mal à mourir. Ils résistent, cela génère des émotions négatives. Mais la seule chose à faire, c’est de lâcher prise, de faire confiance. Et c’est évidemment beaucoup plus facile à faire, si l’on s’y est entraîné dans de multiples circonstances de sa vie. Les émotions négatives non digérées, les blocages, les traumas non résolus, etc., vont avoir tendance à émerger à ce moment-là, car ils entravent la confiance et le lâcher-prise. Or, le lâcher-prise n’est pas une option à ce stade. Il est imposé au mourant.  

Nous terminons comme nous avons commencé, incapables de lever la tête, de digérer autre chose que des liquides, et incontinents. Toutefois, la mort, comme la naissance d’ailleurs, est toujours un processus conscient. Qu’importe que la personne soit sédatée, en soins palliatifs, que son mental ne réagissent plus. Quelque part elle est consciente, elle perçoit la transition par laquelle elle est en train de passer.

L’accompagnement et la communication avec le mourant sont fondamentalement importants. Même s’il ne peut pas parler, il est toujours possible d’établir des codes de communication non verbale (un clignement des yeux, OUI, deux clignements des yeux, NON, etc.).

Á ce stade, le mourant a quatre types de besoins.

- Physiques, pour ne pas souffrir, pour son confort, etc. C’est généralement le domaine du médical.

- Relationnels. Il veut peut-être voir quelqu’un, dire au revoir, communiquer avec quelqu’un, utiliser une dernière chance pour dire quelque chose, réparer quelque chose, se sentir entouré.

- Spirituels. Parler de son expérience de mourir, partager, prier, être rassuré, etc. Au moment de la mort, les croyances “intellectuelles”, tout ce que l’individu a absorbé de sa religion et de sa culture, va se dissoudre. Que cela soit forcé et contraint, ou librement consenti, le mental se délite, il ne reste que l’être. Le mourant peut en être profondément déstabilisé, car il ressent la faiblesse de ses croyances, au moment-même où il en aurait le plus besoin.

- Testament. La plupart des gens préfèrent penser qu’ils ont laissé leurs affaires en ordre avant de partir. C’est la dernière occasion de rédiger un testament si cela n’a pas été fait précédemment.

Sources

- Ram Dass Dying is absolutely safe https://www.ramdass.org/dying-is-absolutely-safe/

- Steven Levine, Who dies? https://www.amazon.com/Who-Dies-Investigation-Conscious-Living/dp/0385262213

 

La mort

Il faut savoir que l’intellect ne peut pas comprendre la mort. Ni l’intellect du mort lui-même ni celui de ses proches. La mort est au-delà du mental. Les proches, comme le mourant d’ailleurs, ressentent la mort dans leurs corps, et ce ressenti est fondamentalement déstabilisant. Les proches ont donc tendance à perdre leurs moyens et à ne pas savoir quoi faire. Dharma Singh indique que l’on peut accompagner le mourant jusqu’à son dernier souffle, lui tenir la main, lui passer la main dans les cheveux, masser des points douloureux, lui parler, etc. De son point de vue, la plupart des gens ne se rendent initialement pas compte qu’ils sont morts. Il est donc indiqué de continuer à leur parler, ce que fait le personnel de ses maisons funéraires, les rassurer, leur expliquer qu’ils sont morts lorsqu’on leur ferme la bouche, lave le corps, prépare le corps pour la mise en bière, etc.

Mais ce qui n’est pas accessible au mental est compris par le corps. Il est donc essentiel, pour que le deuil puisse démarrer, que les proches prennent le temps de venir voir le mort. Si des enfants sont présents, il faut impérativement leur dire la vérité, quel que soit leur âge. Ne pas mentir en affirmant que “la personne dort”.

Le deuil démarre dès la mort, et c’est un processus actif, et non passif. La première phase, avant la fermeture du cercueil, peut durer jusqu’à trois jours. Dharma Singh recommande de parler au mort, de lui faire des lectures, par exemple de ses textes sacrés préférés. De lui faire écouter de la musique, non pas funéraire, mais des morceaux qu’il appréciait en tant que vivant, et qu’importe si c’est du rock & roll. Il est possible de le remercier à voix haute pour ce qu’il a fait de son vivant. D’appeler des anges, des guides spirituels, selon la religion de chacun, des amis déjà décédés pour l’accueillir dans l’au-delà et le guider dans son chemin. Si le mort appréciait ce genre de chose, allumez des bougies, faites bruler de l’encens, etc. On peut tout à fait toucher le mort, l’embrasser, lui caresser les cheveux, etc.

La fermeture du cercueil est un moment généralement douloureux pour les familles. C’est la dernière fois qu’on le verra. Symboliquement, c’est donc une deuxième fin. Y être, le voir, aider à visser les boulons, c’est important pour le deuil.

 

Le deuil

Le deuil est un processus long, que nous traversons tous de multiples fois. Deuil d’une relation, d’un être cher, d’un projet professionnel… Le deuil fait partie de la vie.

Dans le monde moderne, on est seul face à son deuil. Pas d’accompagnement par autrui et pas de savoir-faire spécifique non plus. Des paroles pleines de sollicitude, “je prierai pour vous”, mais pas d’actions. Qu’est-ce que le deuil ? Pas seulement de la tristesse, mais aussi de la colère, du désir, de la solitude, un sentiment de perte, des vagues d’émotions variées sur lesquelles il faut apprendre à surfer. Par le deuil, nous rapatrions à l’intérieur de nous-mêmes toute l’énergie que nous avions investie dans la relation à autrui. Cela prend du temps (typiquement environ un an si c’est bien fait). Et il est indiqué d’utiliser des approches spécifiques, via la visualisation, par exemple.

Le deuil suit plusieurs étapes, les plus connues étant celles documentées par la Suissesse Elizabeth Kübler-Ross. Déni, colère, marchandage, dépression, acceptation. Quoiqu’aujourd’hui quelque peu remises en cause, elles forment une bonne trame de base.

Il est recommandé d’exprimer la panoplie des émotions que le deuil suscite en nous. On peut se rendre au cimetière, à la morgue, dire au mort tout ce qu’on ressent, que cela soit positif ou négatif.

Le deuil vide les survivants de leur énergie (la zone du cœur étant la plus affectée), ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur leur santé (problèmes cardiaques notamment, quand le deuil n’est pas fait).

La communauté joue un rôle important dans le deuil, comme on le voit dans la plupart des cultures non occidentales. Le soutien de la communauté, les invitations à des repas, les massages (et oui, il faut bien la faire circuler, cette énergie bloquée !), tout ça va de soi ailleurs, et c’est bien de s’en inspirer.

Sources

https://www.verena-kast.ch/ Deuil non résolus et problèmes cardiaques.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_de_K%C3%BCbler-Ross Elisabeth Kübler Ross et les étapes du deuil.

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