Les 7 compétences systémiques

Savoir raisonner de façon systémique, en quoi est-ce que cela consiste ?

Compétences systémiques

Quelles compétences pour les professionnels capables d'agir dans les environnements instables d'aujourd'hui ? Peut-on enseigner la systémique dans les Grandes Ecoles ? Avoir des “compétences systémiques”, cela veut dire quoi ? Cet article se propose de réduire la systémique à 9 compétences observables afin de faciliter son intégration dans les programmes de recrutement et de formation.

 

Compétence systémique #1 : Penser de façon dynamique

L'ère industrielle a légué des schémas de pensée majoritairement “statiques”. Il s'agit de règles, de normes, de réglementations relativement binaires (comme les règles de grammaire, ou les théorèmes mathématiques), qui semblent valables une fois pour toutes. Utile à bien des égards, cette forme de pensée a l'inconvénient de passer à côté des la réalité temporelle des choses. Les situation évoluent, les règles du passé ne sont pas toujours bonnes pour l'avenir... A l'inverse, la pensée dynamique inscrit les événements dans un contexte, une histoire et une durée. Ainsi mis en perspective, ils acquièrent du sens et de la densité. Les tendances, les interactions et les causalités différées apparaissent. Les opportunités émergent.

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Maitriser la pensée dynamique c'est notamment ...

  • Savoir modéliser les différents paramètres qui influencent une situation.
  • Savoir anticiper les conséquences possibles d'une action, les développements d'une situation, le déroulement dans le temps, etc. Y compris les conséquences secondaires et non intentionnelles.

Compétence systémique #2 : Penser multidimensionnel

Il est toujours réducteur de voir une situation à travers un seul prisme. Une société, ce n'est pas seulement une opportunité d'inverstissement... Pas seulement des jobs pour les employés... Pas seulement de la propriété intellectuelle... Pas seulement un positionnement sur le marché. C'est un peu de tout cela et la systémique développe plusieurs compétences pour aborder la multidimensionalité.

  • Les définitions racines, qui amènent à regarder le système du point de vue de chacun de ses principaux acteurs.
  • L'approche multiniveau qui étudie systématiquement les différentes dimensions du système : technique; relationnelle; existentielle; externe, etc.

Compétence systémique #3 : S'extraire de la pensée unique

Se ranger à la pensée unique, c'est toujours plus facile.  “Le consensus des experts...” ; “le sens évident de la situation” ; “la solution qui s'impose...". De surcroît, voir le monde par des prismes dogmatiques et consensuels demande moins d'efforts. Mais qui dit pensée unique, consens du plus grand nombre ne dit pas nécessairement “cadrer avec les faits” ou “aller vers l'objectif annoncé”.

Aux “pensées uniques”, la systémique oppose donc une logique “plurielle” basée sur la formulation de plusieurs hypothèses et de plusieurs trames explicatives / narratives. Plus de travail donc pour le manager et son équipe, puisqu'il faut considérer plusieurs logiques et tester plusieurs scénarii. Et si on s'en donne la peine, c'est qu'au final, les chances de percuter sont nettement meilleures.

Le débat, le débat contradictoire, la controverse, la juxtaposition des points de vue sont essentiels à l'analyse systémique. Car le vrai sens des choses émergera de la pluralité des points de vue, et non de la répétition ad nauséam d'un point de vue unique.

Compétence systémique #4 : Piloter le sensemaking

Le sensemaking, ou “fabrication du sens“ est le processus par lequel nous attribuons une signfication aux situations. Dans une entreprise / organisation saine, durable, capable de s'adapter et d'évoluer, le sensemaking a tendance à être un processus social (interactif) qui résulte de la confrontation des points de vue et de l'émergence d'un accord entre les acteurs. Il n'y a pas une seule personne qui impose immédiatement sa vision aux autres. Il n'y a pas d'interdit à discuter du sens réel des choses.

A l'inverse, plus le sensemaking est dominé par des jeux de pouvoir, du conformisme intellectuel, l'impossibilité d'aborder des sujets interdits, plus l'entreprise risque de devenir un terrain hostile pour ses employés et déconnectée de la réalité de ses marchés.

Il y a dans ce domaine plusieurs compétences essentielles ...

  • Prendre conscience des processus par lesquels le sens se fabrique.
  • Savoir remettre en cause un sens dominant qui cadre mal avec les faits, les données observables de la situation.
  • Savoir piloter la construction du sens pour arriver à des analyses pertinentes.

 

Compétence systémique #5 : Se focaliser sur les workflow / processus

L'organigramme est un de ces jeux dont les managers raffolent. “Jouons à l'organigramme” disent-ils parfois, et l'entreprise s'arrête de fonctionner (ou presque) pendant que tout le monde de construire des grands schémas, de préférence matriciels, à l'aune desquels on pourra juger du pouvoir et de l'influence de chacun. “Ils réorganisèrent tant et si bien que tout resta pareil”. Telle est souvent, du sentiment des intéressés, la morale de ce jeu. Car il ne sert à rien de construire de nouveaux silos... tant qu'on reste organisé en silos.

La systémique inverse cette façon de penser. Ce qui compte dans les entreprises systémiques, ce sont les workflow clefs, les processus, les relations (ou l'absence de celles-ci) entre les entités. Les processus de travail, de coopération, d'ajout de valeur, de rivalité, de cloisonnement … Les évolutions dans les relations ont un impact supérieur aux évolutions de l'organigramme. Penser systémique, c'est regarder d'abord de ce côté là.

Compétence systémique #6 : Intégrer l'abstrait et le concret

En France, il faudrait opposer l'intelligence pratique, celle de l'ouvrier, du plombier et de l'électricien, à celle plus abstraite de l'Enarque et du Polytechnicien. Mais il n'y a pas de marché des produits laitiers sans vaches, pas de vision performante sans processus opérationnels …

La systémique mise sur l'intégration de la pensée abstraite et de la pensée opérationnelle. Inutile, ce ministère qui monte des usines à gaz… Peine perdue, ce technicien qui optimise sa machine en dehors de tout schéma d'ensemble viable. Relier les abstractions à des réalités observables. Relier les tâches aux intentions et aux principes. Telle est la Systémic Attitude.

Compétence systémique #7 : Intégrer les feedbacks

Penser de façon linéaire, c'est envisager une causalité à sens unique. “J'ai lancé un nouveau produit”, par exemple, “donc cela va augmenter mes parts de marché”. Quel dommage que la réalité ne se conforme pas toujours aux pronostics !

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Lorsque le nouveau produit désoriente les consommateurs, cela peut aussi fragiliser les habitudes d'achat. Ce qui pèse sur les ventes. Et si pour contrer tout cela, on lance encore des nouveaux produits. Le phénomène s'aggrave. C'est le cercle “vicieux”.

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Penser aux boucles de feed-back (boucles de régulation), c'est regarder les interactions inattendues entre les phénomènes. Faire la chasse aux cercles vicieux et créer ceux qui sont vertueux. Pour une fois que la vertu paie !

Trouver homo systémicus

“Cherche manager dynamique, créatif, responsable, au sens relationnel aiguisé, intégrant l'abstrait et le concret, axé sur le feed-back, la quantification, la pensée scientifique et l'expression de sa subjectivité …” S'agit-il vraiment d'une offre d'emploi ? S'il existe, l'homo systemicus, sait-on où le trouver ? Avec un tel pedigree, souhaitons qu'en plus il soit sympa.

Commentaires (3)

  • zra

    J'apprecie

    30/10/2020 01:12
  • Mireille Farhat

    Tres interessants

    26/02/2019 20:25
  • sabrina

    Bonjour,
    J'ai trouvé cet article très intéressant et pertinent. Un bel outil à exploiter pour faire évoluer l'état d'esprit et impulser une vision systémique au sein de l'équipe.
    Merci

    12/02/2018 12:00

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